Allongé dans un transat planté dans une plage de sable blanc, une jeune doudou à la peau chocolat nous tend un rhum planteur servit dans une demie noix de coco. La température ambiante est douce, la compagnie créole animera le bal costumé du soir, l’automne français se fait oublier. C’est surement ainsi que les jeunes retraités hexagonaux s’imaginent leur croisière dans les Antilles françaises. Et il est fort probable qu’elle se passe ainsi.
Actuellement, s’ils sortent de leur paquebot ou de leur hôtel "all inclusive", il est tout aussi fort probable que nos têtes grises tombent sur un barrage en flammes. Voitures calcinées, gendarmes blessés par arme à feu, magasins pillés...les Antilles françaises brulent depuis plusieurs mois dans ces territoires situés au voisinage de Cuba et de la Jamaïque. En cause, "la vie chère". Des produits de consommation courante y sont en effet jusqu’à 40% plus élevés qu’en métropole alors que les taux de pauvreté et d’échec scolaires y sont considérablement plus importants.
Ainsi en Martinique, quatre groupes familiaux détiennent 80 % du marché de la distribution. "Composé surtout de békés, les descendants des colons esclavagistes, cet oligopole opaque contrôle aussi la chaîne logistique et peut ainsi jouer sur le tarif des denrées, au-delà des seules contraintes économiques." soulignait il y a peu le journal Le Monde. Héritage de la traite des esclaves, les possessions françaises des Caraïbes n’échappent pas aux troubles sociaux.
McDvD, dans son Rap around the World, y dépose ses enceintes. Et notre rhum arrangé devient un cocktail de révoltés.