L’Art des Bruits
El Rozé continue dans ce cinquième épisode son exploration de la musique liée à son environnement.
L’oreille humaine familiarisée avec les bruits industriels et urbains, il ne restait plus qu’à leur concéder une place dans la musique. C’est ce que revendiquèrent les futuristes italiens dans le manifeste "L’Art des Bruits" (1913) : un élargissement de la palette sonore musicale, des instruments à inventer et de nouvelles façons de composer.
Nous entendrons donc deux compositions de Luigi Russolo et Giacomo Balla, l’une intégrant une machine à écrire et l’autre le fameux intonarumori, instrument à faire des bruits, inventé par Russolo. Nous écouterons également la musique du film "Ballet mécanique" de Fernand Léger et composée par George Antheil, intégrant des machines diverses aux cotés d’instruments.
Impossible d’oublier l’avant garde russe représentée ici par Alexander Mossolov et le radical Arseny Avraamov qui proposait de brûler les pianos et pour qui Bach "aurait freiné pendant deux siècles l’évolution logique de la perception du son en déformant l’ouïe de millions de gens" (Louisa Martin-Chevalier dans "L’avant-garde musicale russe (1914-1921) : vers une révolution politique ?).
Bref, nous sommes loin de la musique qui adoucit les mœurs et plus dans celle qui les retranscrits. Car chaque époque mérite sa musique. Et celle-ci pourrait reprendre à son compte la maxime de Picasso pour qui décidément "" Non, la peinture n’est pas faite pour décorer les appartements. C’est un instrument de guerre offensive et défensive contre l’ennemi."
Vous voilà prévenus.