Viva l’escuela !
De la dictature à la démocratie : les limites d’une transition « pactée » ?
Après avoir beaucoup parlé des conflits qui ont traversées le Chili au cours du XXém siècle, cette cinquième session évoque des luttes plus récentes.
Les lycéens en 2006, surnommés les "revolucion pinguina" à cause de leur uniforme évoquant des pingouins, puis les étudiants en 2011 sont ainsi sorti dans la rue pour réclamer le droit de faire des études gratuites. Rappelons que l’enseignement supérieur est presque totalement privatisé au Chili. Le coût mensuel en est d’environ 500 euros alors que le salaire moyen ne dépasse pas 900 euros, qu’un Chilien sur deux gagne moins de 450€, tandis que le 1% des Chiliens les plus riches concentre 26.5% du PIB.
En octobre 2019, l’augmentation du prix du ticket de métro dans la capitale Santiago mit le feu aux poudres. Un vaste mouvement de fraudes dans le métro, les « evasiones masivas », fut bientôt suivit par une révolte qui gagna tout le pays. Bus, stations de métro, banques, compagnies d’électricité furent incendiés, l’état d’urgence décrété, 1400 personnes blessées par arme à feu, 26 tuées.
Devant l’ampleur du mouvement, la majorité des partis chiliens signent l’« Accord pour la paix sociale et la nouvelle constitution » le 15 novembre 2019 prévoyant la mise en œuvre d’un nouveau texte fondamental.
Dans tous ces mouvements contestataires, la chanson est un moyen d’expression crucial dans un pays où la musique fait partie prenante de la vie quotidienne. Elle remplace la violence ou tout au moins lui donne un sens si celle-ci s’avère inévitable. Les âmes de Violeta Parra et Victor Jara planent sur les manifestations. Cette session incorpore ainsi La Exiliada del Su des Los Bunkers, une référence à Parra tandis que le rappeur Portavoz assume pleinement cet héritage ("Je viens du Chili, celui de Victor Jara et Violeta Parra" dans le morceau El otro Chile ).
1. Illapu – Para seguir Viviendo (1988), chanson en hommage à Rodrigo Rojas De Negri, brûlé vif par des militaires pendant des manifestations contre la dictature de Pinochet (juillet 1986).
2. Sol y Lluvia – Para que Nunca Mas (1987)
3. Isabel Parra – Abusos (2014)
4. Los Bunkers – Pequeña Serenata Diurna (Silvio Rodriguez,1975) – La Exiliada del Sur (Inti Illimani, 1971), Live festival de Viña del Mar, 2012
5. Tata Barahona – Luz de Rabia (2015)
6. Ana Tijoux – Shock (2011)
7. Portavoz y Coro Infanto Juvenil de Pucón – El Otro Chili (2012, version enregistrée pendant les évènements de l’automne 2019 au Chili)
8. Camila Moreno – De la Tierra (2011)
Pour aller plus loin, un documentaire réalisé au Chili par le cinéaste, poète et écrivain argentin/brésilien Carlos Pronzato (en espagnol).