Une mémoire pour l’oubli
Exilé au Liban, Mahmoud Darwich assiste impuissant en août 1982 au bombardement de Beyrouth par l’armée Israélienne, déterminée à éliminer l’OLP de la ville. Une mémoire pour l’oubli, roman autobiographique, sera pour l’écrivain l’occasion d’écrire la chronique de cette période avant de quitter la capitale libanaise pour Le Caire, Tunis puis Paris. Un long chemin d’exil qui lui vaudra le titre de « poète des vaincus », titre bien trop limitatif pour un auteur qui a produit plus de 7 livres en prose, 20 en poésie, fut rédacteur de plusieurs publications, président de l’Union des écrivains palestiniens et membre du Parti communiste d’Israël avant d’intégrer le comité exécutif de l’OLP.
Très tôt, les engagements politiques de Mahmoud Darwich en faveur d’une Palestine libre et indépendante se traduiront en vers évoquant la nostalgie de la patrie perdue et l’appel à la résistance. Une prise de position qui prend sa source lors de la destruction de son village palestinien natal par les forces israéliennes au moment de l’instauration de l’Etat Hébreux. Pour autant, Darwich parvient à toucher un public bien au-delà du moyen-orient.
Voilà ce qu’en dit son confrère algérien Kamel Daoud :
" Le poète arabe, de décennie en décennie, se lamente sur la perte de l’empire du monde, de l’emprise sur le monde. Et, dans cette géographie onirique, la « cause palestinienne » devient le fétiche absolu. On y retrouve la patrie perdue, la défaite musulmane, l’empire révolu, le remake de la colonisation occidentale, la vocation prophétique close, le creux du corps féminin, l’injustice du sort ou le destin de la victime. Mahmoud Darwich, lui, se libéra du victimaire pour accéder à la littérature, mondiale, universelle, en payant, peut-être, le même prix qu’un Homère : il n’eut pas de fils, pas de descendants. "
C’est ce sens de l’universel qui lui vaut d’être mis en musique par de nombreux artistes : Marcel Khalifé, le Trio Joubran, Ghalia Benali, Nai Barghouti et le Z.E.P comptent parmi ceux-là.
En 2024, Beyrouth n’est plus le refuge de l’OLP mais celui du Hezbollah. La capitale libanaise est de nouveau sous le feu des bombes israéliennes.