Les micros-comptoirs

Palestine

Silence radio

Le temps s’écoule et aucun signe d’apaisement n’apparait en Palestine. Deux groupes terroristes s’y affrontent depuis plus de neuf mois.

Dans les rues, les écoles, les universités, et même les hôpitaux on tire, parfois à vue mais plus souvent à l’aveugle, au beau milieu de populations civiles qui n’ont plus d’endroit où se cacher. Les victimes se comptent par dizaines de milliers, les traumatismes s’étendront sur plusieurs générations.

De tels combats d’envergure ne se mènent pas seuls. Chaque belligérant dispose d’alliés étatiques qui le soutient, tant en fonction de leurs intérêts géostratégiques que de leurs propres politiques internes. Les dictatures qui aident le Hamas y gagnent en légitimé auprès de leurs opinions publiques et diluent dans cette situation tragique leurs propres méfaits. Les démocraties occidentales qui prennent parti pour Israël le font au nom de la lutte contre l’antisémitisme et le terrorisme. Il suffirait que plusieurs d’entre eux cessent leur appui logistique, médiatique, économique, diplomatique et militaire pour mettre fin aux massacres. Tout porte à croire que ce n’est pas pour demain. L’histoire les jugera.

Le silence même est une prise de position. Comment justifier par exemple, alors que l’armée israélienne mène une véritable guerre d’extermination, que des athlètes de ce pays défilent avec leur drapeau national aux prochains JO de Paris quand les sportifs russes en sont interdits ? Que les entreprises européennes continuent à commercer avec Israël, y compris dans le domaine de l’armement, alors qu’elles se sont massivement retirées de Russie ? Que les chefs d’État occidentaux continuent à traiter avec égards Benjamin Netanyahu, accusé de crimes de guerre et de l’humanité par le procureur général de la Cour Pénale Internationale dès lors qu’ils prétendent vouloir jeter Vladimir Poutine en prison ? Un deux poids deux mesures qui risque de mettre à mal, et de façon durable, toute velléité de justice internationale, et de discréditer s’il le fallait encore, les occidentaux aux yeux du reste du monde.

A Radio Pacoul, sur la planète 6, nous nous sommes questionné de manière très sérieuse. Comment réagir face à une telle situation : continuer à passer de la musique comme si de rien n’était ou tout arrêter en signe de protestation ? Sachant pertinemment que quelle soit notre décision, la taille de notre microscopique structure n’aurait aucune influence sur le cours des choses.

La réponse fut de modifier notre logo et de publier plusieurs sessions en lien avec le sujet. En bref, faire ce que l’on sait faire plus ou moins bien, collecter de la musique qui parle de l’état du monde dans lequel nous vivons et la proposer à celles et ceux qui veulent bien l’entendre. Mais il arrive un moment où les platines tournent dans le vide, les notes se perdent au milieu des détonations, les caissons de basses s’essoufflent sous les bombes.

Cette 400éme session ( déjà ! ) de Radio Pacoul n’est pas la dernière. Elle est néanmoins la première sans musique pertinente, sans médias volés à droite ou à gauche, sans montage finement ciselé, sans visuel pertinent. Ne subsiste que la sidération. Silencieuse.