Haendel / Rameau : le clash
Retour à la musique "environnementale" du XVIIIs avec une rencontre proposée par El Rozé :
d’un coté Haendel, compositeur saxon devenu citoyen britannique, « poète suprême de la nature » ; de l’autre Rameau, prince français du classicisme, premier théoricien officiel de l’harmonie classique. Ca fout les jetons, hein...
Pourtant, n’ayez pas peur comme dirait Jean-Paul. Balayez vos préjugés d’un gant de velours. Ici, on se détend et on laisse son imagination se laisser porter par des voix célestes, des notes pastorales et des mélodies fleurissantes. Respirez un grand coup...
Allez, c’est parti.
Imaginez vous à Londres, durant l’hiver 1740.
Depuis plusieurs semaines, la Tamise ne dégèle plus. Il fait si froid que plus personne ne s’aventure dans les rues. Les théâtres, désertés, sont obligés de fermer leurs portes. Comme un Covid avant l’heure.
Georg Friedrich Haendel, né en Saxe puis devenu sujet anglais, virtuose hors pair à l’orgue et au clavecin, reconnu dans toute l’Europe comme l’un des compositeurs d’opéra les plus importants de son époque, en profite pour écrire en l’espace de 17 jours son Allegro, il Penseroso ed il Moderato. Ode pastorale oscillant entre le soprano, le ténor, et la basse, mettant en scène l’Homme Gai et l’Homme Méditatif, l’œuvre présente l’avantage de se jouer dans une salle chauffée. Succès immédiat garanti.
Traversez la Manche.
Au printemps 1763, l’Opéra de Paris commande à Jean-Philippe Rameau, une tragédie lyrique. L’homme est connu pour ses talents d’organiste qu’il met au services de fêtes orgiaques avant de connaitre la gloire en 1735 avec son opéra-ballet Les Indes galantes. Ses compositions suivantes, ainsi que ses théories sur la musique, exposées dans plusieurs ouvrages où il tend à faire de l’harmonie la référence de toute science, lui ont apporté un crédit international, au point d’être anobli en 1764. Mais à 80 ans, le père Rameau est usé. « De jour en jour j’acquiers du goût, mais je n’ai plus de génie » avoue-t-il presque modestement. Il honorera néanmoins la commande de l’Opéra. Et décédera avant qu’elle ne puisse être jouée sur scène. Il faudra attendre 2 siècles plus tard, le 16 octobre 1964, pour que l’ORTF en donne une première diffusion radiophonique.
Voila. Maintenant, tendez l’oreille, laissez s’épanouir le chant des oiseaux, le rugissement de l’orage, et le miaulement des fleurs.