La Planète Six

Musique et environnement Ep.1

Sonorités pastorales

Seuls des malotrus n’ont jamais rêvé de maitriser le chant enjôleur du rossignol. Retranscrire musicalement le déplacement du cygne sur l’eau, nul broute en vain ne s’y est risqué. Jamais, ô grand jamais, n’avons nous entendu de médiocres harpistes nous figurer l’énormité de l’éléphant.

Il faut être doué d’une oreille inhabituelle, d’un sens aigu de l’observation, d’une faculté hors du commun à retranscrire en musique des sons issus de l’environnement pour se risquer à produire des oeuvres que l’on qualifie aujourd’hui, avec ce goût de l’étiquette propre aux sociétés en butte avec leur propre complexité, de "musique descriptive". L’ennemi des compositeurs descriptifs ? La musique pure, l’art pour l’art.

El Rozé à décidé de les remettre à l’honneur. Et il a bien raison.

Pourquoi c’est important de ré-écouter l’habileté de Rameau à imiter le chant du vent ou pourquoi pas de la poule, de Haydn celui des orages d’été, de découvrir le son de la chasse par Weber ? D’abord parcequ’ils nous donnent à entendre le paysage sonore d’une époque. Aux sons ponctuels des oiseaux et autres manifestations de la nature, s’est ainsi progressivement imposé chez les compositeurs du XXém siècle le bruit continu des machines, démontrant ainsi en musique l’importance de la révolution industrielle sur notre quotidien.

Et ensuite, parce que à l’heure où des partis politiques prônent le repli sur soit, vilipendent le bruit et l’odeur de l’étranger, utilisent la peur comme moyen de bourrer des urnes, le tout - nous l’écrivons avec beaucoup d’amertume - avec un succès indéniable, révoltant, écoeurant, il est plus que jamais essentiel d’entendre à nouveau les sons qui nous entourent pour mieux les comparer avec ceux qui nous ont entouré. Et peut-être alors, prendrons nous conscience de tout ce que avons perdu. Et de ce que l’on pourrait perdre encore.

Dans ce premier épisode - oui, il y en aura d’autres - on oscille entre baroque et classique, de Janequin à Rameau en passant par Monterverdi. Ouvrons nos oreilles à ce qui constituait le monde sonore des XVII et XVIIém siècles. Et vive les poules élevées à l’air libre, en équilibre sur Radio Pacoul.