L’avant Daft Punk
Si tout le monde connait l’orgue Hammond et le synthétiseur, peu parmi nous sont familiers avec leurs prédécesseurs, le thérémine et les ondes Martenot, instruments phares de ce qu’il est convenu d’appeler la lutherie électronique.
Lorsqu’on lui présenta en 1922 le premier exemplaire du Thérémine, Lénine, convaincu que l’avènement de l’homme nouveau socialiste passait par la musique, s’exclama : « Le communisme, c’est le socialisme mélangé à l’électricité ».
L’instrument utilise de fait les champs électromagnétiques et le mouvement des mains autour d’eux pour produire des sons qui se rapprochent de la voix humaine et de la scie musicale. Afin de propager la lutte des classes, on envoya donc son inventeur, le soviétique Lev Termen, parcourir le monde. Partout où il passe, la presse occidentale se montre dithyrambique et Hollywood s’empare vite de l’instrument pour illustrer les scènes les plus dérangeantes de ses films. Un succès que Staline apprécie modérément : il rappelle son ambassadeur musical et l’enferme au goulag.
Maurice Martenot connaitra une moindre renommée mais un destin plus reposant. Au cours de la première guerre mondiale, le musicien français Martenot découvre le télégraphe et avec lui le potentiel musical des ondes. En 1922, il dépose un brevet pour un appareil composé d’un clavier maintenu par suspensions, d’un ruban parallèle à celui-ci, un tiroir avec différents timbres pour filtrer et modifier le son et de différents hauts-parleurs modifiés. Les compositeurs contemporains incorporent immédiatement l’instrument dans leurs œuvres avant que des chanteurs populaires tel Léo Ferré, Edith Piaf ou Jacques Brel ne l’utilisent à leur tour.
El Rozé nous propose un aperçu de ces deux instruments atypiques à travers des morceaux de André Jolivet, Edgard Varese et Tristan Murail.