Victor Jara
Si la pandémie actuelle a ruiné votre projet de grand voyage prévu pour cet été, El Rozé vous propose une nouvelle session sur la musique chilienne qui devrait vous dépayser sans pour autant alourdir votre bilan carbone. Le tout en réveillant votre fibre révolutionnaire.
Après Violeta Para, c’est au tour de Victor Jara d’envahir en douceur nos enceintes. Membre du Parti communiste chilien, une erreur que l’on ne pardonne qu’aux grands compositeurs capables de faire transiter par nos canaux auditifs leur soif de liberté et de justice sociale, il fut l’un des principaux soutiens de l’Unité Populaire du président Salvador Allende. Ses chansons critiquent la bourgeoisie chilienne (Las casitas del barrio alto, Ni chicha ni Limoná), contestent la guerre du Viêt Nam (El derecho de vivir en paz), rendent hommage aux grandes figures révolutionnaires latino-américaines (Corrido de Pancho Villa, Camilo Torres, Zamba del Che), mais aussi au peuple et à l’amour (Vientos del pueblo, Te recuerdo Amanda).
Arrêté par les militaires lors du coup d’État du 11 septembre 1973, il est emprisonné et torturé à l’Estadio Chile (aujourd’hui renommé Estadio Víctor Jara) puis à l’Estadio Nacional avec de nombreuses autres victimes de la répression qui s’abat alors sur Santiago. Il y écrit le poème Estadio Chile (aussi connu comme la chanson-titre Canto qué mal me sabes) qui dénonce le fascisme et la dictature. Mais le poème restera inachevé. Víctor Jara est rapidement mis à l’écart des autres prisonniers puis assassiné entre le 14 et le 16 septembre de 44 balles tirées à la mitraillette après avoir eu les doigts coupés par une hache.
Les bourreaux n’ont pas d’oreilles.