Les micros-comptoirs

L’homme est-il supérieur à la femme ?

Et réciproquement

« Le monde se féminise » affirme Steven Pinker, professeur de psychologie à Harvard et auteur de La part d’ange en nous publié en 2017. Tout porte à croire qu’il ait raison. Irrémédiablement, qu’on le veuille ou non, les hommes sont en train de céder les rênes du pouvoir aux femmes, après des milliers d’années de règne sans partage.

Que de chemin parcouru entre la publication en 1949 de l’ouvrage féministe Deuxième sexe de Simone de Beauvoir qui fit souffler à sa sortie un vent de scandale sur la société française en dénonçant la place secondaire dévolue à la femme dans la civilisation, et les campagnes de sensibilisation au harcèlement sexuel et au viol lancées autour d’hashtag dénonciateurs près de 70 ans plus tard !

Aujourd’hui, de plus en plus de femmes dirigent des hommes, des entreprises, des gouvernements, des États. Actuellement, on compte par exemple en Europe Theresa May au Royaume-Uni, Angela Merkel en Allemagne, Nicola Sturgeon en Ecosse, Erna Solberg en Norvège, Kolinda Grabar-Kitarović en Croatie et Dalia Grybauskaité en Lituanie. En Asie, c’est Tsai Ing-wen qui dirige Taïwan, Bidhya Devi Bhandari le Népal, Aung San Suu Kyi la Birmanie, et jusqu’au très conservateur Bangladesh qui a mis Sheikh Hasina Wajed à sa tête. En Amérique du sud, Michelle Bachelet dirige le Chili et Isabel de Saint Malo Panama. En Afrique, Ellen Johnson Sirleaf préside le Liberia tandis que Saara Kuugongelwa-Amadhila est première ministre de Namibie. Sans compter celles qui ne sont plus en activité comme Dilma Rouseff au Brésil, Christina Kirchner en Argentine et Park Geun-hye en Corée du Sud.

Le secteur privé n’est pas en reste : les informaticiens IBM et Hewlett-Packard, le géant des sodas Pepsi, Petrobras, une des plus grosses compagnies pétrolières mondiale, Westpac, deuxième plus grosse banque d’Australie, Mondelez, mastodonte de l’agroalimentaire, Imperial Tobacco, quatrième fabricant mondial de cigarettes, TJX, l’un des leaders mondiaux du vêtement et de la décoration low cost et même General Motors, premier groupe automobile américain...tous sont dirigées par des femmes. Car dés qu’elles accèdent à l’éducation, les filles obtiennent de meilleurs résultat que les garçons ce qui les amènent plus tard à occuper de plus en plus de postes à responsabilités quand les hommes se contentent des emplois manuels.

L’OCDE, dans son rapport 2017 sur l’égalité femmes-hommes souligne que « les jeunes femmes ont une scolarité souvent plus longue que les jeunes hommes » et que « le taux d’activité des femmes se rapproche de celui des hommes » dans les trente-cinq pays affiliés. Selon l’Unesco, le taux de scolarisation des filles dans le secondaire est passé de 53 % à 80 % en Asie du Sud, de 74 % à 97 % en Asie de l’Est, de 27 % à 46 % en Afrique subsaharienne au cours des 20 dernières années.

Dans les pays latins comme la France, on a plus de mal à s’en rendre compte. La dernière expérience politique en la matière fut la socialiste Edith Cresson. Nommée première ministre par François Mitterrand en mai 91, elle occupera son poste...moins d’un an. Néanmoins, Flammarion, Sodebo, L’Oreal, Amaury, la RATP, France Télévision, Engie et tant d’autres ont vu une paire de talons hauts se poser sur le bureau du PDG.

Mais tout ne va-t-il pas trop vite ? Le mâle doit-il se laisser déposséder de ses prérogatives ancestrales, à savoir le pouvoir, la gloire, l’argent ? Des éditorialistes tels Manuel Foucart dénoncent "la dangereuse féminisation de la société". Ils se plaignent : " les valeurs sont inversées, les repères sont perdus". "L’identité masculine est en plein chambardement" sanglote le Figaro. La journaliste américaine Hanna Rosin prédit même "La Fin des hommes".

Heureusement, des voix s’élèvent, protestent, contestent. Il y aurait une supériorité masculine incontestable. La femme serait inférieure, moins capable d’exercer une activée intellectuelle que son collègue masculin. D’ailleurs, s’il fallait une preuve, le réchauffement climatique en est une. Depuis que les femmes s’émancipent, il empire.
Irréfutable.