Et il est flippant
Des Sélénites de George Méliès ( Voyage dans la Lune, 1902 ) aux céphalopodes de Denis Villeneuve ( Arrival, 2016 ) les extra-terrestres ont toujours envahi le grand écran. El Rozé nous propose de revisiter la musique de ces films à travers deux sessions qui sentent bon le cinéma sur les plages.
Le premier problème qui se posent aux réalisateurs et aux scénaristes s’attaquant au sujet des extra-terrestres est l’apparence de ces êtres que nous n’avons jamais vu et dont nous avons bien du mal à imaginer le milieu naturel. Gros, grands, petits, filiformes, sur pattes, avec des ailes ? Que choisir ? En dehors de traits humains, comment retranscrire leurs émotions à l’image ? La musique est alors un allié infaillible. Inquiétante ou voluptueuse, elle installe l’ambiance dans laquelle se produisent les rencontres.
Le second problème est le moyen de communiquer avec les extra-terrestres. Une facilité d’usage consiste à considérer qu’ils sont tout à fait capables de parler « notre » langue, bien souvent l’anglais d’Amerique. Mais pour les créateurs un peu moins paresseux, ce sujet de la communication peut devenir une façon d’interroger nos propres façons de nous adresser à l’autre. Ainsi dans Arrival, c’est une experte en linguistique comparée qui est chargée d’établir lentement le contact alors que les militaires autour d’elle proposent d’en finir le plus vite possible. Dans Rencontre du troisième type, film post soixante-huitard, Spielberg lance même un signal : seule la musique permet aux peuples, aussi différent soient-ils, de s’entendre.
Mais dans les années 50, c’est un climat de guerre froide qui domine. Guerre de Corée, crise des missiles à Cuba, développement de l’armement nucléaire, courses aux étoiles...le monde n’a jamais semblé aussi proche de la destruction. Les films qui se tournent alors reflètent cette ambiance apocalyptique et la musique y est souvent oppressante. Et avant-gardiste.
Bernard Hermann fut ainsi l’un des premiers à utiliser un thérémine pour sa bande originale de The Day the Earth Stood Still, transformant cet instrument jusqu’alors réservé à une élite en véritable marqueur musical de la science fiction. Il s’amusera également à expérimenter de nombreux effets sonores comme l’overdub et le tape-reverseal.
La musique du film Forbidden Planet , créés par les époux Louis et Bebe Barron, constitue la première bande originale de film n’utilisant que des sources électroniques. Louis Barron a lui-même construit les appareils électroniques produisant les sons étranges, parfois ralentis, accélérés, ou passés à l’envers, entendus dans le film.
Une décennie plus tard, un vent de confiance semble souffler sur la terre. Les peuples aspirent au progrès technologique, à la prospérité et à la fraternité. L’équipage multicolore de l’Enterprise donne une image beaucoup plus positive du futur. Le thème musical de la série Star Trek, composé par Alexander Courage, rappelle le premier mouvement du concerto pour violon Op. 35 de Erich Wolfgang Korngold.
Des musiques vintages devenues cultes dont Tim Burton et Danny Elfman s’amuseront à la fin du siècle dernier dans Mars Attack.
Session 1 - 1950-1969
1-The Day the Earth Stood Still (1951), Robert Wise, Bernard Herrmann & Lionel & Alfred Newman
2-Forbidden Planet (1956), Fred Mc Leod Wilcox, Louis & Bebe Barron
3-Star Trek, la série - sélection 1966-69
4-Mars Attack (1996), Tim Burton, Danny Elfman - Suite