C’est de la baballe

Brûlons les jeunes

Au nom du barbecue

Même si de grands philosophes comme le Français Didier Super prétendent qu’il y en a des biens, les jeunes pris dans leur ensemble sont un problème pour nous, les vieux. Car avant que notre vue ne s’effondre, que nos muscles ne se ramollissent, que nos neurones ne disparaissent aussi vite que la biodiversité sur la planète, nous avons aussi été jeunes. Et à ce titre, nous pensions comme NTM, grands défenseurs du mythe d’Oedipe, qu’il fallait bruler les vieux.

Or, les vieux aujourd’hui, c’est nous, celles et ceux nés au XXém siècle. Et s’il était légitime de vouloir balancer par les fenêtres une génération grandi pendant les trente glorieuses et nous ayant élevé dans la surconsommation, la crise financière permanente et les chansons de Claude François, il est certainement plus évident encore pour les jeunes de 2019 de vouloir se débarrasser de ceux qui vont leur laisser un monde au bord du désastre environnemental comme tout héritage. Alors, posons-nous la question : quand le moment viendra d’appliquer une stricte restriction des ressources ( l’eau, la nourriture, l’énergie...) à tout habitant, comment s’effectuera le partage ? Certainement pas à notre avantage. Car les jeunes, non content d’être plus beaux, sont aussi plus intelligents malgré tous nos efforts pour leur offrir un système scolaire défaillant. Ce sont donc eux qui répartiront lesdites ressources et il y a fort à parier qu’ils ne nous laisseront, à l’heure où nous entamerons notre retraite, que de quoi survivre de manière misérable. Il est donc temps de réagir.

Les diverses tentatives élaborées pour leur saper le moral ont jusqu’ici toutes échouées. Voyez le futur clairvoyant que leur annonce Amon Tobin, prodige de la musique électronique au tournant du millénaire et aujourd’hui vieillissant oiseau de mauvaise augure : issu de son dernier album Fear in a Handful of Dust sortit au début de l’été, le clip du morceau Vipers Follow You met en scène un père et son fils parcourant une route au cours d’un hiver qui semble étouffant, pris dans un réseau inextricable.

Si Amon Tobin étonnait les trentenaires que nous étions avec ses constructions électroniques abracadabrantesques, Massive Attack nous forçait à bâtir notre première collection de disque dès nos 20 ans et nous aidait à comprendre que pour acheter des albums, il nous fallait trouver un job nous donnant les moyens de le faire. Regardez comment ils tentent aujourd’hui de pousser au suicide les jeunes femmes :

Que répondent à cela les jeunes qui vivent sous l’ère de Spotify, Youtube et de Facebook ? Ils restent positifs les bougres ! Non contents d’avoir apprivoisé les instruments analogiques et numériques, ils donnent encore de la voix. Jouer du saxophone, de la guitare, rapper, chanter façon néo-soul, rien ne semble difficile avec eux. Alors oui, ce n’est pas toujours très réussi :

Mais regardez ce que cela donne quelques années plus tard : ce clip de FKJ est tout simplement écœurant :

Renvoyant les big band pointer à Pôle Emploi, pétris d’idéologie ultra-musicale, ils affichent une désinvolture qui confine au mépris, au point de nommer leurs morceaux des "Afterjam " comme pour nous rappeler que les jams sessions que nous chérissons appartiennent désormais au passé.

La situation est donc grave. Les jeunes sont en passe de nous dominer si nous ne réagissons pas au plus vite. S’ils se contentaient de nous narguer en jouant de tous les instruments à la fois, nous pourrions continuer à écouter nos K7 numérisées en continuant tranquillement à remplir le coffre de nos voitures de kilos de viande achetés en surnombre au centre commercial du coin pour venir finir sur nos barbecues du dimanche. Mais lorsqu’une morveuse, pardonnez-nous l’expression, nous menace directement, pouvons-nous rester les bras croisés ?

Consciente des ses responsabilités, Radio Pacoul lance donc un appel à la révolte. Vielles et vieux de toutes conditions et de tout âge, le lance-flammes est votre ami, le jeune l’ennemi, le barbecue l’autel de votre délivrance. Toi-même tu sais ce qu’il faut faire.