Les 70’s
L’Amérique des années 70 se lève avec Nixon et se couche avec Carter. Les GIs rentrent du bourbier vietnamien avec leurs traumatismes post-conflits, une odeur de napalm solidement ancrée sous les rangers et le goût amer de la défaite au fond de la gorge. L’Asie étant décidément ingérable, c’est vers les cousins du sud que se tourne alors les yeux nord américains : Argentine, Chili, Uruguay, Paraguay, Bolivie, Brésil...partout la CIA mène des opérations secrètes afin d’installer dans ces pays des dirigeants, dictateurs pour la plupart, favorables à ses intérêts.
D’un choc pétrolier à l’autre, le citoyen américain, comme le reste du monde, prend conscience de sa dépendance aux énergies fossiles...sans que cela ne change quoi que ce soit à son mode de vie. C’est la fin des 30 glorieuses, et alors ? L’Amérique s’en relèvera. Le Massachusetts Institute of Technology a beau publié un rapport sur les effets dévastateurs d’un monde consumériste, rien n’y fait. Les 3 mamelles du monde américain, voiture personnelle - maison personnelle - piscine personnelle, continuent d’alimenter les rêves de l’occident. Un demi siècle plus tard, une partie de ceux qui auront réalisé leurs rêves craignent de s’ajouter à la longue liste des réfugiés climatiques.
C’est dans ce contexte que le cinéma américain voit l’éclosion d’un nouveau genre : la blaxploitation. Un cinéma noir, fait par des noirs, vu par des noirs (et parfois par d’autres ). Inspirés de l’idéologie du Black power, ces films montrent des acteurs afro-américains dans des situations d’hommes fiers et libres de leurs choix de vie. Des personnages qui résistent aux blancs, leur répondent et inversent les stéréotypes : le bien est souvent incarné par un noir, le mal par un blanc.
Si la plupart de ces films tomberont vite dans les oubliettes du cinéma mondial, ils auront permis l’enregistrement de bandes originales qui resteront dans l’histoire. James Brown (Black Caesar), Isaac Hayes (Shaft), Marvin Gaye (Trouble Man) et surtout Curtis Mayfield avec l’inégalable Super Fly, les plus grands noms de l’époque utilisent la soul, le funk, et la disco pour accompagner musicalement des œuvres reflétant aussi bien les aspirations des noirs que dénonçant la prostitution, la drogue, la violence, les viols, des maux largement répandus dans la communauté afro-américaine de l’époque.
Les années 70 voient également l’émergence d’artistes tels The Last Poets et Gill Scott Heron qui posent les fondements du rap en s’inspirant du chant scandé des griots africains et de la rythmique des musiques jamaïquaines. Un nouveau courant musical s’apprête à envahir le monde.