Symphonie n°4
Composée 37 ans après la précédente, la symphonie n°4 d’Arvo Part représente l’un de ses travaux les plus récents. Elle fut en effet joué pour la première fois par le Los Angeles Philarmonic Orchestra, sous la direction d’Esa-Pekka Salonen, en 2009.
Le choix de l’orchestre philharmonique de Los Angeles ne doit rien au hasard. A l’époque, Arvo Part travaillait sur l’adaptation du canon Pokajanen, une pièce chorale basée sur un ancien chant orthodoxe russe contenant une prière adressée à un ange gardien. Le compositeur a donc insisté pour que l’orchestre l’interprétant pour la première fois soit celui de la Californie
( ange gardien, Los Angeles...vous suivez ou pas ? ).
Au-delà de l’anecdote, ce choix américain est révélateur du mode de pensée de ce compositeur estonien ayant émigré en Allemagne en 1981 pour fuir le courroux du régime soviétique de l’époque, lequel voyait d’un mauvais œil ses expérimentations musicales tournées vers le mysticisme.
Une fois le mur de Berlin tombé, Part retourna en Estonie sans jamais se départir d’un certain scepticisme à l’égard des autorités russes. Il dédicace ainsi sa nouvelle symphonie à Mikhail Khodorkovsky, un oligarque malmené par Vladimir Poutine qui le jeta en prison en 2003 avant de le relâcher sous la pression internationale 10 ans plus tard. Khodorkovsky, réfugié en Suisse, se présente depuis comme le chef de file de l’opposition en exil.
Remarquable par son style immédiatement identifiable qu’il nomme tintinnabuli, Arvo Part utilise ici les cloches ( Tin - Tin, cloches...vous suivez toujours ? ) pour les associer au rituel des chants orthodoxes. Il se nourrit dans cette symphonie des caractéristiques du chant dans sa modalité, dans ses répétitions et ses alternances, et dans l’échange entre les instruments.
Le résultat est une composition dont le rythme lent et les vagues musicales mélancoliques procurent à l’écoute un charme incontestablement envoutant. A l’image d’une grande partie de son œuvre.